Aujourd’hui nous vous proposons de découvrir notre interview de Xavier Vaution, journaliste et commentateur basket sur beIN SPORTS. Des ses début à TF1 en passant par ses quinze années passées sur Canal+, jusqu’à son arrivée sur beINSports en juin 2012, partez à la rencontre de celui qui est à l’origine de la quotidienne NBA Extra. Le rédacteur en chef de la partie Basket sur beIN est toujours débordant d’idées et plein d’énergie.
Tous les amateurs de basket et notamment de NBA te connaissent, mais peux-tu nous présenter ton parcours ?
Je ne rajeunis pas alors ça va prendre du temps (rires). J’ai fait une école de journalisme. Ensuite j’ai postulé pour un stage. Seulement dans mon école de journalisme les stages en première année n’étaient pas autorisés, donc on m’a posé un ultimatum : soit tu redoubles ta première année si tu vas faire ton stage soit tu vas en deuxième année. J’ai décidé d’aller faire le stage car il faut savoir saisir les opportunités quand elles se présentent. Je suis donc parti à TF1 pour la Coupe du Monde de foot 98 ça a d’ailleurs très bien fonctionné ! J’y suis donc resté pour une année notamment sur la Ligue des Champions et Téléfoot. Ensuite Hervé Mathoux partant pour Canal+, j’ai décidé de le suivre pour être en quelque sorte son assistant sur « Jour de foot ».
Et au bout d’un an et demi environ, un CDI s’est libéré en sports américains donc je ne te cache pas que je n’ai pas hésité longtemps. Bien qu’ayant commencé ma carrière au foot qui était déjà le sport majeur français, je regardais déjà la finale Utah – Chicago la nuit. En arrivant pas très réveillé le lendemain matin (rires).
J’ai sauté sur cette opportunité de CDI après avoir passé trois entretiens donc un avec Bruno Poulain puis j’y suis resté 15 ans voilà.
Pourquoi avoir choisi plus particulièrement le basket ?
En ce qui me concerne ça va bien au-delà du sport américain et du basket, moi c’est la culture américaine à la base qui me branche beaucoup, la culture « street ». Après je regardais aussi bien le foot US, que le basket, un petit peu moins le baseball et la NHL que je trouvais très mal diffusée on ne voyait pas bien le palet (rires).
Je savais que cette passion pour la culture américaine allait parfaitement entrer dans la NBA, parce que ce que je reprochais à l’époque à Canal c’est qu’ils faisaient ça très bien mais je trouvais que cela manquait un peu d’originalité, de « frais ». Modestement quand je suis arrivé, j’ai voulu y apporter un peu plus d’actualité américaine, en mettant du rap dans tous les sens, des trucs actuels. C’était vraiment recherché.
Après arrive mon premier match à commenter à côté de George Eddy, je me souviens j’étais pétrifié en plus c’était un match complètement nul entre Philadelphie et Indiana. Un match juste avant les playoffs une vraie « purge », et puis donc ça s’est passé comme ça s’est passé pas terrible à mon avis (rires). Par la suite Bruno (Poulain) m’a redonné ma chance la saison suivante et très vite à force de pratiqué j’ai fini par faire tous les directs.
J’ai pondu aussi « Eddy Half Time » car j’étais très touché par la disparition de « Eddy Time ». Un truc complètement décalé style émission pirate, après on s’est vraiment bien marré à le faire même si cela m’a coûté quelques nuits blanches parce que je faisais tout, mixage, montage… Il fallait trouver un cadreur toutes les semaines un mec qui trainait dans la rédac’ « tient prend la caméra ! » c’était complètement artisanal (rires) ! Par la suite ça deviendra beaucoup plus sérieux avec « American Dream » toujours en compagnie de George (Eddy) évoluant ensuite via « Canal NBA » sous la séquence « American Dream » où je me trouvais toujours sur place. Après je continuais de commenter quelques finales NBA, dont ma première en 2004 (Lakers vs Pistons) où je me trouvais sur place, un rêve éveillé pour moi, inoubliable ! Après voilà j’ai eu envie de faire autre chose.
Mike pietrus Interview invité de Eddyhalftime.com par eddyhalftime
Comment s’est présentée l’opportunité beIN ? C’était prendre un risque à l’époque non ?
Un risque oui, mais mesuré. C’est à dire que l’on m’a proposé de faire un truc qui ressemblait un petit peu à la façon de faire de l’émission « American Dream » et avec le même réalisateur. L’émission se devait d’être omnisports et moi j’avais vraiment l’envie de proposer quelque chose qui change dans la manière de traiter le sport en général. Le projet m’a donc vraiment plu, le seul souci c’est que techniquement beIN n’était pas encore au point et dans le même temps on savait que la NBA n’avait plus de diffuseur pour l’hexagone, le contrat avec Canal étant terminé. J’ai signé à beIN le douze juin (2012), le lendemain NBA Extra était écrit au cas où. D’un match par semaine on est passé à un match par jour ect… Pour au final obtenir le contrat de diffuseur NBA.
Pour la petite anecdote, l’idée d’avoir une émission quotidienne je l’avais déjà travaillé depuis dix ans. Mais on l’a un peu remixée avec Rémi (Reverchon). Parce qu’aujourd’hui nous pouvons dire que le basket fait parti de notre quotidien, ce qui n’était pas du tout le cas il y dix ou quinze ans.
Tu es donc devenu rédacteur en chef de la partie « Basket » en quelque sorte ?
Alors dans l’idée c’est ça, je n’avais pas forcément la dénomination, mais je faisais tout. C’est moi qui est recruté la totalité de l’équipe à commencer par Rémi (Reverchon), Matthias Duchez, Adio Lala, Florent Aubert et Flo Michel. La seule que je n’ai pas recruté c’est Mary (Patrux) plus un que Rémi m’a soufflé qui était Erwan (Abautret). Cette année, on a aussi Peter Anderson qui était déjà souvent parmi nous et Oicem Saidoun qui est toujours dans le coin. On a mit NBA Extra en place et on peut dire que ça marche plutôt bien, mais j’ai encore pas mal d’idées de changements donc ça va encore évoluer ! Dans ce métier de toute façon il faut toujours avoir un temps d’avance.
Tu es entouré d’une très bonne équipe, comment s’est déroulé en quelque sorte le casting ?
Alors dans l’ordre, j’ai commencé par Audrey Sauret car quand je suis arrivé à beIN, il fallait commencer par commenter le tournoi qualificatif olympique féminin de 2012 qui se déroulait en Turquie. Alors j’ai pensé tout de suite à elle car c’était du basket féminin et malheureusement dans le cliché, il fallait une fille puis après je la trouvais bien entendu très talentueuse pour avoir eu l’occasion d’échanger avec elle dans les locaux de Canal auparavant. On a passé une superbe semaine, donc j’ai décidé par la suite de la recontacter pour les J.O. aussi bien pour couvrir la compétition féminine que masculine.
Par la suite je n’avais guère le choix George Eddy et Jacques Monclar étant encore sous contrat avec Canal, un international français qui a déjà fait de la TV il n’y en avait pas 36, donc j’ai pris Eric Micoud. À l’époque il officiait sur Ma Chaine Sport, je lui ai donc dit que si nous décrochions la NBA je le souhaiterais dans mon équipe et voilà c’est comme ça que ça c’est fait.
On voulait également intégrer un américain à notre bande, d’où Chris Singleton. Mais au vu du nombre de matchs que nous allions diffuser il nous fallait un consultant supplémentaire, donc Jacques (Monclar) qui allait arriver en fin de contrat donc « All in » sur lui. Sachant qu’avec Jacques c’est aussi l’histoire d’une très longue amitié.
Et quant à Remi (Reverchon) je l’ai connu lors d’un de mes déplacements à Los Angeles dans le cadre de nos reportages. Puis ça marchait tellement bien que par la suite j’ai continué de travailler avec lui et donc c’était la première personne que nous avons embauché pour un éventuel service « Basket ». L’avantage aussi c’est que c’est un passionné de basket et notamment de basket européen, donc pour l’Euroleague c’était parfait.
On peut remarquer à l’écran un certaine liberté de ton durant vos émissions, est-ce une volonté de ta part ?
On n’a jamais voulu réfléchir au ton, on a toujours souhaité faire un truc qui nous ressemblait. Je n’ai jamais eu de directives par rapport à ce qu’il fallait faire ou pas. J’ai obtenu une confiance absolue de la part de la direction, comme c’était le cas à Canal d’ailleurs. Moi je voulais juste quelque chose d’honnête avec des personnalités honnêtes comme elles le sont dans la vie.
Verra t-on un jour une émission basket avec du public en plateau ? Comme le Canal Football Club par exemple.
Si c’est pour avoir des applaudissements toutes les vingt secondes après que l’un d’entre nous ai sorti une vanne, je ne vois pas trop l’intérêt. Mais après je pense qu’un jour on fera venir des gens « extérieurs », comme par exemple ceux qui gèrent les comptes Twitter de Franchise NBA en français, ou d’autres personnes comme des blogueurs qui exercent par passion ! Que tous ces gens puissent participer bien entendu ça sera un réel plaisir. Mais après je ne vois pas la valeur ajoutée de mettre du public en plateau, quelle ambiance veux-tu rajouter à NBA Extra…
Dans certaines occasions comme le Martin Luther King Day pourquoi pas, mais après je pense donner dans l’avenir plus l’opportunité à des gens passionnés.
Venant de Charleville-Mézières, tu dois suivre la Pro B voir la Pro A, quel est ton point de vue sur la situation du basket français et sa visibilité ?
Alors moi venant de Charleville, je suis plus la ProB, où l’on réalise plutôt un très bon début de saison (Charleville est 2ème au moment de l’interview).
Le vrai problème de la ProA aujourd’hui, c’est la ProA elle-même. Déjà il n’y a aucune visibilité aujourd’hui pour regarder un simple match de ProA, la plupart des gens n’en sont pas informés. L’année dernière déjà sur L’Equipe (21) ça ne fonctionnait moyen alors il faut se poser les bonnes questions… Au-delà d’un problème de niveau j’ai toujours pensé que le plus gros problème venait de l’image véhiculée. Quand on regarde une salle en France pourrie par la publicité, c’est absolument insupportable ! Comme le dit très bien dans son sketch le Comte de Bouderbala (Sami Ameziane, ancien basketteur), comment veux-tu t’identifier un maillot floqué « Poulet de Loué » ?! Tu crois franchement que l’on va se promener dans la rue avec un maillot « Poulet de Loué » ?! Il faut arrêter les blagues..
Je pense également que ce championnat à des années lumières de retard, même s’il y a enfin des salles qui se construisent. Mais il n’y a pas que le basket, si je prends l’exemple du handball, quand on voit toutes les pubs sur le sol mais c’est horrible, vraiment horrible… C’est comme si demain tu allais regarder un match de foot avec plein de pubs sur la pelouse, ça n’a pas de sens.
Il est question aussi de l’augmentation des salaires en D-League qui pourrait conduire aussi à une perte pour le championnat français. Quel est ton positionnement par rapport à ça ?
Concernant la D-League il faut resituer le contexte, pour y avoir sa place c’est ultra tendu, mais on ne va pas se mentir un jeune joueur qui joue dans nos championnats professionnels français, son rêve c’est généralement de jouer en NBA et non pas en D-League. Maintenant quand tu vois des joueurs comme Timothé Luwawu (drafté par Philadelphie) par exemple, il n’a pas le choix de passer par la case D-League car il est encore un peu jeune mais ce n’est pas n’importe qui, qui peut prétendre à avoir accès à cette « ligue de développement » des franchises NBA. Que l’on soit bien d’accord cette « ligue mineure » n’est pas la réserve de la NBA, chaque équipe de cette D-League appartient à une franchise. Cela veut dire qu’il faut déjà avoir un contrat avec une de ces franchises pour pouvoir intégrer son équipe D-League.
Est-ce que le basket français n’est pas déjà entrain de souffrir sans parler de la D-League, parce que moi je veux bien que l’on en parle, mais quand on voit le prix que sont payés les joueurs dans d’autres pays comme la Turquie, la Russie… Ces pays là ne sont-ils pas des dangers aussi pour la ProA ? Donc je sais qu’en ce moment c’est très à la mode de cibler la D-League, mais oui les américains vont être payés plus cher et alors ? Comme ailleurs…
Il faut arrêter de croire que demain tout le monde pourra y prétendre, car il y aura toujours que cinq joueurs sur le parquet et il n’y aura pas cinquante franchises du jour au lendemain. Les joueurs jouent avant tout leur vie, leur avenir, leur but ultime c’est la NBA avec la richesse à laquelle ils peuvent prétendre pour assurer leurs arrières. Puis de toute manière même la Chine paie à mort ses joueurs alors bon il faut arrêter (rires)… Après se pose le problème de la France qui ne dispute plus l’Euroleague donc en somme c’est très compliqué…
Xavier si tu…
N’avais pas été journaliste sportif…
J’aurais été moniteur de ski l’hiver et prof de tennis l’été, parce que j’étais parti pour faire ça. Mais c’est le directeur de mon lycée à l’époque qui m’a conseillé de m’orienter vers le journalisme après que j’ai eu ouvert le premier journal du lycée avec en une Michaël Jordan !
Le pire match que tu es commenté…
Finalement il y en a plein tu sais les matchs à 30 ou 40 points d’écart… mais j’ai le souvenir d’un de mes derniers matchs que j’ai commenté entre Memphis et Dallas où les Mavs ne marque que 65 points… (rires)
Avais un souvenir sportif inoubliable…
J’en ai plein, mais là comme ça c’est le France-Espagne de 1984 en football parce que j’étais devant le poste. Le deuxième but de Zidane en 98 parce que je suis dans le stade. Puis le shoot de Jordan en 98 quoi ! Je suis debout devant ma TV je le vois prendre le shoot et il met dedans quoi ! Je n’y croyais pas ! Donc il y a vraiment un peu tout comme Noah qui gagne Roland Garros.
As un rituel avant de commenter un match…
Absolument aucun, si ce n’est d’aller manger avec Chris (Singleton) le dimanche soir avant les matchs.
Devais passer une journée dans la peau d’un basketteur ça serait qui ?
J’aurais bien aimé être Michaël Jordan le lendemain où il a décidé de revenir ! Sans qu’il annonce mais quand il commence à se préparer pour son retour et voir ce qu’il pouvait faire dans la journée. Pourquoi ? Comment ? Où ? Avec qui ? Qui était dans la confidence exactement ? Quels étaient ses entrainements ? Tout ce genre de choses. Parce que quand tu vois que Jordan était encore à vingt points de moyenne par match jusqu’à ses 41 ans c’est juste énorme !
Avais une anecdote à nous raconter…
Oui bien entendu j’en ai beaucoup mais joker (rires).
L’équipe Laysitup vous souhaite tous ses voeux pour la nouvelle année !
Et ça continue en 2017…
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